Séminaire 11 mai Eloise Girault
Campus Lettres et Sciences
Humaines
La pluridisciplinarité est-elle un sport
de combat ?
Réflexions sur l’identité disciplinaire
Si la science politique est aujourd’hui une discipline à part entière - construite en rupture avec d’autres disciplines (notamment le droit et la philosophie) -, la question de son territoire reste irrésolue. En effet, les problèmes politiques sont ouverts à l’investigation des politistes, comme des juristes, des sociologues, des philosophes ou des historiens. On peut, en tout état de cause, soutenir que les objets de la science politique sont de deux espèces : d’une part, les objets-donnés-là, localisables, qui ont une matérialité par nature inépuisable, préconstruits socialement, mais qui ne deviennent objets de science que s’ils sont scientifiquement reconstruits et les objets-qui-ne-sont-pas-donnés-là, à définition abstraite, dont l’existence n’a pas de matérialité et doit être prouvée en tant qu’objets provisoires de science.
Né en rompant avec d’autres disciplines, partageant son territoire avec d’autres disciplines, la science politique aime à afficher son caractère interdisciplinaire. Mais, dans la pratique, les politistes se trouvent soumis à des injonctions contradictoires, entre idéal interdisciplinaire et réalité des logiques disciplinaires (jeux de pouvoir, contraintes institutionnelles, effets d’homogénéisation intellectuelle, etc.).
En nous appuyant sur notre expérience doctorale, nous voudrions montrer comment opère cette contradiction, comment elle peut être comprise, analysée et (partiellement) déjouée. Nous nous interrogerons notamment sur les apports des autres disciplines dans la construction et l’analyse d’un objet en science politique. Quelles sont les promesses offertes par la pluridisciplinarité et l’interdisciplinarité ? Quelles en sont, au contraire, les limites ? A quels problèmes concrets se heurte-t-on ?
Entrée libre
[1] Doctorante en science politique
UMR Triangle (ENS-LSH, IEP Lyon, Université Lumière Lyon 2)